Martin Verret
Violonistes de père en fils !
Martin Verret, représentant de la quatrième génération d’une tradition de violonistes québécois faisant partie du Patrimoine canadien, Martin Verret a la musique dans le sang. Dans son cas, l’expression est parfaitement appropriée lorsqu’on sait que le musicien constitue le digne représentant de la quatrième génération d’une famille de violonistes de Lac-Saint-Charles et d'une réputation plus qu'enviable. Il transmet à ses deux garçons cette magnifique passion musicale.
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Pratiquement né avec un instrument à cordes entre les mains, Martin Verret a appris dès l’âge de quatre ans les rudiments du violon au contact de son père Jean-Marie Verret, un folkloriste de haute renommée dont la famille a souvent reçu à souper les Arthur Leblanc de ce monde. C'est également à l'âge de 4 ans que Martin donne son premier concert. Admis à l’âge de 9 ans au Conservatoire de musique de Québec, Martin Verret a par la suite eu la chance de peaufiner sa technique auprès du prestigieux pédagogue Claude Létourneau.
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Cinq ans plus tard, le jeune musicien a participé à l’enregistrement de son premier album en duo avec son père baptisé «Reflet du passé». L’année suivante, la France lui a ouvert les portes de la musique à titre d’interprète. Un passage remarqué sur le continent européen qui lui a valu une seconde présence, cette fois au Portugal en 1997, où il a pu mettre en valeur la musique traditionnelle québécoise devant un public conquis. À l’âge de 16 ans, Martin Verret gagnait déjà sa vie avec la musique en se produisant dans les salons opulents du Château Frontenac et en enseignant le violon et ensemble à cordes aux élèves du Monastère des Ursulines de Québec. Un peu plus de dix ans plus tard, le jeune virtuose poursuit une brillante carrière comme violoniste dont le talent oscille sans cesse entre le classique, le populaire et le folklore. «Ça fait plus de 20 ans que je suis inscrit dans le réseau de l’hôtellerie" précise-t-il. C’est pourquoi j’ai appris à plaire à des publics de diverses circonstances comme à des congrès et événements spéciaux.» Les différents contrats de Martin Verret ont parfois amené le musicien à se produire lors de soupers V.I.P devant des personnalités aux horizons les plus divers côtoyant des personnalités connues du monde culturel, sportif et des affaires tant au Canada, aux États-Unis et en Europe.
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Parmi ces prestations originales, signalons un concert pour la fête nationale à Québec sur les Plaines d'Abraham, la première partie d’un spectacle de Louis-José Houde, de Ginette Reno, plusieurs émissions télévisées dont une participation à l'émission "Courir la pomme" d'Annie Brocoli, une prestation au "Cocktail des chefs d'États" du Sommet desAmériques de Québec en 2001. D'innombrables demandes musicale pour les grandes compagnies et agence gouvernementale Parcs Canada, 20th Century Fox, Walt Disney, Honda, Toyota, l'Oréal, Pfizer, Coopératives Mutuelles du Canada, GM Motors etc. Il est reconnu pour sa polyvalence musicale, sa sensibilité et ses qualités d'interprète et de gestionnaire. Il est partenaire musical avec les centres funéraires et les grands hôtels de Québec et collabore avec l'organisation des Clefs d'Or Canada.
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Pour l'heure, le violoniste divise son temps entre la gestion d'évènements, la direction musicale et les concerts. Accueilli par le Comité des Arts du Cercle de la Garnison, dont il est membre, Martin Verret rehausse de sa musique de nombreux événements abrités par la prestigieuse institution de la vieille capitale. Son CD " Ground Cherry" de style Electro World a été en nomination à Hollywood (Hollywood Music in Media Awards) dans la catégorie "meilleure musique du monde". Sa musique est d'antenne et de louange à travers le monde.
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Collaboration diverses
Jean-Marie Verret rend hommage à Jos Bouchard 2017
Avec la participation de Martin Verret
Jos Bouchard, violoneux natif de la région de Charlevoix, est né le 6 mai 1905 à Pointe-au-Pic. Il est décédé à l’île d’Orléans le 12 juin 1979. Grand maître du « vrai jeu de Québec », il a amorcé sa carrière à l’âge de 12 ans. Il n’a eu qu’un seul professeur, soit son oncle Élie Sioui, un Amérindien de la réserve de L’Ancienne-Lorette. Comme la plupart de nos grands violoneux, il était impossible à cette époque de gagner sa vie avec la musique. Il demeure une référence pour son style et sa sensibilité. En 1934, il a gagné un concours de violoneux tenu à la salle paroissiale de Limoilou. Il s’est aussi produit avec les Montagnards Laurentien et l’accordéoniste Théodore Duguay à la station radiophonique C.H.R.C en 1948. Coloré et flamboyant, il utilisait un fort vibrato et une ornementation spécifique alliée à un doigté unique ! Il a laissé de nombreux enregistrements de 78 et 33 tours qui ont grandement influencé les musiciens de son époque, tant au Canada qu’aux États-Unis. Au cours des années 70, il a donné plusieurs spectacles sur scène à l’occasion de festivals. Ses compositions resteront immortalisées par les violoneux et les accordéonistes !
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Stéphane Landry. Transition. 2007.
Stéphane Landry est incontestablement l'un des grands maîtres du petit accordéon au Québec. Virtuose de renom, son style est souriant, animé et doté d'une rythmique endiablée. Son travail des dernières années avec le groupe Entourloupe lui a valu une reconnaissance hors Québec. Entouré d'une pléiade de musiciens chevronnés, il a fait le "tour du jardin" pour nous présenter toutes les facettes de son répertoire, toutes les personnalités de sa musique. Des classiques du répertoire, en passant de Gérald Lajoie à Philippe Bruneau, des compositions au medleys irlandais, Stéphane a voulu se faire plaisir, nous faire plaisir. Il a ainsi invité, à tour de role, ses amis musiciens avec qui il a partage sa musique depuis de nombreuses annnées. La liste est longue et parle par elle-même. Pour tout ceux qui aiment la musique traditionnelle, pour les passionnés de l'accordéon et pour ceux qui aimerait découvrir l'instrument par la bonne fenêtre...
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Line Tremblay. Premier Rendez-vous. 2007
Originaire de Québec, dotée d'un talent naturel et autodidacte, Line Tremblay a débuté jeune à chanter, motivée par un milieu familial très porté sur le chant et l'écoute des airs qui ont bercé la Belle Époque. Forte de ce patrimoine musical et passionnée pour l'art vocal, elle participe à des concours d'amateurs et comme soliste dans plusieurs chorales dont la célèbre Vlà l'bon vent. En mai 2007, elle concrétise un rêve et fait le lancement de son tout premier album solo intitulé "Premier Rendez-vous", à l'Espace Félix Leclerc de l'Île d'Orléans.
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Sonia Bertrand. Bohémiens. 2004
Après 12 années de scène, l'interprète Sonia Bertrand, de Québec, réalise son rêve d'enregistrer un disque grâce à l'aide d'un couple d'admirateurs. Sur "Bohémiens", l'interprète reprend, de sa voix intense, des classiques de Charles Aznavour et de Léo Ferré en plus d'offrir quatre pièces originales écrites par un auteur de la Vieille Capitale, André Laverdière. Parmi les nouvelles créations, on retiendra surtout Mon bel amour avec ses jolies sonorités arabes. En général, les musiques se font assez discrètes. Ponctuées ça et là d'accents tziganes, elles soulignent la voix. Et c'est la qualité d'interprétation de Sonia Bertrand qui constitue le principal intérêt de l'album. La chanteuse possède une voix chaude, souple et feutrée. Aussi, sa maturité lui permet d'habiter ses chansons. La reprise d'Avec le temps, une pièce difficile, fait frémir tant l'émotion est palpable. Pour le moment, l'artiste n'a pas de distributeur et l'album est disponible seulement chez Sillons et Archambault (Québec et Sainte-Foy)
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Qualité du plaisir. VHS. 1998
Comment rendre compte des différentes manifestations de la culture québécoise, de son caractère à la fois unique et de son insertion dans la modernité? Comment traduire les manifestations artistiques, littéraires et médiatiques de cette culture dans le cadre d'une série documentaire adaptée au monde de la télévision et de l'audiovisuel? Tel est le double défi que tente de relever cette série de 18 émissions produite par le consortium Synercom Téléproductions, en collaboration avec l'Institut national de la recherche scientifique et de son centre INRS-Culture et Société
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Jean-Marie et Martin Verret. Quadrille du XIXe et XXe siècle. 1997
Première réalisation sur disque compact de Jean-Marie Verret, Quadrille du XIXe et XXe siècle est certainement l'une des plus belles de toute la collection québécoise. La musicalité, la virtuosité des instrumentistes, la qualité de l'enregistrement, l'originalité et la beauté du répertoire placent cette production parmi les joyaux du violon traditionnel. La cuvée 1997 des productions québécoises de musique traditonnelle était déjà relevée, mais avec l'arrivée des "Verretteries", il faut maintenant la considérer comme l'une des plus importantes. Martin Verret a maintenant atteint une maturité musicale et son jeu vient solidement appuyer son père Jean-Marie qu'on retrouve ici dans une forme splendide, au sommet de son art. Avec la fougue d'un Jos Bouchard qu'il a fréquenté pendant de nombreuses années, et la finesse de son père Jules, il réinvente la musique québécoise pour violon. C'est un pur délice pour tout amoureux du violon, un disque qu'on remet continuellement dans le lecteur et qu'on savoure du début à la fin. Il m'est difficle de cacher mon engouement pour cette réalisation, tout en espérant humblement vous la faire partager.
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Jean-Marie et Martin Verret. Reflets du passé. 1993
La famille Verret est connue de tous les musiciens traditionnels du Québec. Jules et Yves (son père et son oncle) ont été deux des figures dominantes de leur époque. Par leur répertoire unique et leur virtuosité, ils ont marqué et influencé la plupart des joueurs de violon et d'accordéon du Québec. Jean-Marie est l'un des fils de Jules Verret. Il détient, comme on dit, les secrets de famille et le génie musical des Verret. Violoneux virtuose et compositeur de talent, plusieurs voient en lui avec raison, le plus québécois de nos violoneux. Son répertoire est immense et met en valeur les airs de quadrille du XIXe et du début du XXe siècle. Son style particulier et son ornementation si caractéristique ont fait de lui l'un des grands maîtres du violon québécois.
Bien des Québécois nés avant la Révolution tranquille gardent souvenir des veillées du samedi soir rythmées aux sons du violon et de l'accordéon. Témoins privilégiés de cette époque ancrée dans l'imagerie populaire, quatre générations de Verret de Lac-Saint-Charles ont perpétué jusqu'à nous un répertoire musical porteur de tradition. En 1952, Jean-Marie Verret, du haut de ses septs ans, écoute son grand-père Jean-Baptiste (1894-1955) et son père Jules (1916-1982) donner aux soirs une ambiance folklorique. Il prend goût à cette musique transmise de génération en génération par voie orale, sans écritures ni partitions. Aujourd'hui, Jean-Marie est gardien d'un important répertoire de pièces de notre patrimoine québécois, nombreuses d'entre elles n'ayant jamais été enregistrées ou transcrites. Du temps de Jean-Baptiste et de Jules, la sauvegarde des pièces passait uniquement par la mémoire auditive, la transmission du répertoire folklorique reposant sur l'oralité et sur l'apprentissage par l'oreille. Jules Verret pouvait interpréter au-delà de 500 morceaux, issus principalement du répertoire paternel. Jean-marie a hérité de ce bagage musical. Il estime connaître quelque 2000 pièces, puisant aussi à d'autres sources et créant ses propres compositions. Violoneux virtuose et compositeur de talent, plusieurs voient en lui le plus Québécois de nos violoneux. Son répertoire est immense et met en valeur les airs de quadrille du 19e et du début du 20e siècle. Son style hardi, agrémenté de vibrato, d'ornementations et de notes chromatiques ont fait de lui l'un des grands maîtres du violon au Québec. Désigné en 1998 par le renommée Fiddler Magazine comme l'un des meilleurs violoneux au monde, il remporte en 2004 le Trophée Aldor lors du festival La Grande Rencontre à Montréal, soulignant sa contribution exemplaire à la musique québécoise de source traditionnelle. Il a enregistré six albums et collaboré à trois documentaires : Hommage aux Montagnards des années 50 (1983), L'héritage de Marius Barbeau (1984) et La culture dans tous ses états (1998). Désigné en 1998 par le renommée Compositeur à ses heures, ses compositions restent dans le plus pur style du répertoire familial et authentique, comme Le reel à Jean-Marie Verret qu'on trouve sur le CD-ROM intitulé La traversée de l'Atlantique de La Bottine souriante. Reconnu internationalement, Jean-Marie Verret a exporté son répertoire familial partout au Québec, aux États-Unis et en Europe. Il a notamment été invité aux Îles Seychelles en 1992 pour représenter le Québec. Il est apparu à l'Ashokan Fiddle and Dance Camp dans l'état de New-York de 1995 à 2000 et au Smithsonian à Washington en 1995. En 2009, la Ville de Québec lui a remis le prix du patrimoine "Lauréat pour la catégorie porteurs de tradition". Il a également reçu le prix "Coup de cœur Desjardins" parmi 50 lauréats de la troisième édition des prix du patrimoine des régions de la Capitale nationale et des Chaudières-Appalaches. Ayant hérité des connaissances de son grand-père et de son père, il est le maillon actuel de la chaîne de transmission du répertoire folklorique qu'il transmet à son fils Martin, digne représentant de la quatrième génération de virtuoses de la famille Verret. Nul doute que nos oreilles vibreront encore longtemps au son du violon de Jean-Marie Verret, un authentique porteur de tradition.
Prix du patrimoine de la Ville de Québec Édition 2009
Pour l'ensemble de son oeuvre de violoniste traditionnel dans la catégorie porteur de tradition
Jean-Marie Verret
"Le Pape du Folklore québécois"
Jules Verret
1916-1982
Né en 1916 à Lac-St-Charles, Jules Verret vient d’une famille où la musique est très présente. Son père, Jean-Baptiste, joue notamment de l’accordéon et son oncle, Roméo, est un violoneux renommé. Le jeune garçon apprend donc à manier l’archet dès l’âge de dix ans, initié par un ami de son père, Pierre Verret, surnommé « Pit Jornoch ». Bûcheron de métier, cet excellent violoneux de Saint-Émile lui transmet également un répertoire unique de quadrilles français. C’est avec ce répertoire que Jules Verret entreprend sa carrière « publique », vers l’âge de dix-sept ans, jouant dans les soirées dansantes de Lac-Saint-Charles pendant une vingtaine d’années. Accaparé par son travail dans la construction et par ses obligations familiales- treize enfants naissent de son mariage avec Simone Rhéaume, il décide, à l’âge de trente-cinq ans, de ne plus jouer en public. Dorénavant, on pourra l’entendre seulement chez lui, dans sa maison du chemin du village, aujourd’hui Avenue du Lac-Saint-Charles.
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Même si Jules n’a jamais fait de tournée, sa renommée s’étend bien au-delà des limites de Lac-Saint-Charles, grâce notamment à la sortie d’un disque, en 1974. Sa réputation est telle que plusieurs musiciens se déplacent pour l’entendre dont Jos Bouchard et Ti-Jean Carignan, toujours « très ému par le jeu de Jules ».
Considéré comme l’un des plus grands violoneux du Québec, Jules Verret meurt en 1982, âgé de soixante-six ans. L’un de ses fils, Jean-Marie, reprend le flambeau en jouant, entre autres, le répertoire exceptionnel que lui a transmis son père. Son fils Martin, violoniste de profession, assure lui aussi la continuité de l’héritage familial.
Sources principales : Entrevue avec Jean-Marie Verret, 31 août 2006; Éric Noël, Lac-Saint-Charles, 1964-1996. Lac-Saint-Charles, Société historique de Lac-Saint-Charles, 1996.
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La mairesse de Québec, Madame Andrée Boucher, a eu l’honneur de dévoiler dix-huit plaques commémoratives « Les gens de Québec se souviennent » à la mémoire de personnalités ayant vécu à Québec et s’étant illustrées dans différents champs d’activité, le jeudi 14 septembre 2006 à 16h30, en la salle du Conseil municipal
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« Les gens de Québec se souviennent »
Cette série d’épigraphes a été réalisée grâce au soutien de l’Entente de développement culturel intervenue entre le ministère de la Culture et des Communications et la Ville de Québec.
Jean-Baptiste Verret
1894-1955
Bien des Québécois nés avant la Révolution tranquille gardent souvenir des veillées du samedi soir rythmées aux sons du violon et de l’accordéon. Témoins privilégiés de cette époque ancrée dans l’imagerie populaire, quatre générations de Verret de Lac Saint-Charles ont perpétué jusqu’à nous un répertoire musical porteur de tradition. Nous sommes en 1952, du haut de ses sept ans, Jean-Marie prend goût à la musique. Il écoute son grand-père Jean-Baptiste (1894-1955) et son père Jules (1916-1982) donner aux soirs une ambiance folklorique. Longtemps avant la naissance de Jean-Marie,grand-père Jean-Baptiste, celui par qui le goût de la musique arrivera, rencontre un certain Pierre, dit Pit-Jornoche (1863-1937). Déjà rompu aux accents de l’accordéon, il est sur l’heure captivé par les sonorités du violon de Pierre. Cet enthousiasme partagé fait bientôt naître une amitié durable entre les deux hommes. Des chantiers forestiers où ils travaillent comme bûcherons jusque chez Jean-Baptiste, ils trimballent l’un son violon, l’autre son accordéon. Plus tard, Jules, fils de Jean-Baptiste et père de Jean-Marie, fera l’acquisition de son premier violon en troquant une corde de bois. Comme quoi la forêt et la musique sont intimement liées pour ces hommes. La flamme pour le violon et les quadrilles français que Pierre avait allumée dans ce coin de pays appelé Lac St-Charles s’est perpétuée grâce à ces hommes animés par le goût de la musique traditionnelle. D’autres influences se sont greffées à ce lexique musical, entre autres celle de Jos Bouchard de Charlevoix, de Théodore Duguay de Québec et des « vieux » de Stoneham. À onze ans, Jean-Marie adopte le violon, comme son père Jules l’avait fait avant lui, et prend la route privilégiée de la famille Verret. La musique folklorique devient le lieu inévitable vers où se tourner, non seulement parce qu’elle est alors populaire et appréciée, mais parce qu’elle répond à un penchant pratiquement inné. Jean-Marie n’aurait pas pu envisager la pratique d’un genre musical : «Quand j’avais entendu jouer mon père, je ne voulais pas jouer autre chose». Ce savoir, ce savoir-faire et ce goût naturel se transmettrent spontanément de génération en génération. Lorsqu’un enfant trouve intérêt dans la musique de son parent, qu’il montre des aptitudes, le patrimoine est légué. Les gens du village, s’ils ont vent de cette disposition de l’enfant, considèrent dès lors que la tradition familiale se poursuit, que la relève est assurée. Le talent du jeune musicien et sa passion naissante feront le reste.
Le violoneux Jean-carignan et l'accordéoniste Yves Verret lors de "La veillé des veillées" à Montréal en novembre 1975.
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La musique dans l’oreille
Du temps de Jean-Baptiste et de Jules, la sauvegarde des pièces passe uniquement par la mémoire auditive, la transmission du répertoire folklorique reposant sur l’oralité et sur l’apprentissage par l’oreille. À ce sujet d’ailleurs, Jean-Marie raconte que son oncle Yves demandait d’écouter un 78 tours lorsqu’il se rendait chez St-Cyr, un disquaire de la rue Saint-Joseph à Québec, et qu’il exécutait la pièce sur son violon de retour à la maison! Grâce à cette habileté manifeste que démontrent les musiciens de la famille Verret, le répertoire s’est constamment enrichi. Malgré le fait que plusieurs pièces de Jean-Baptiste « ont été amenées dans la terre lorsqu’il est décédé », Jules pouvait interpréter au-delà de 500 morceaux, issus principalement du répertoire paternel. Jean-Marie, qui a hérité de ce bagage musical, estime connaître quelque 2000 pièces, puisant aussi à d’autres sources et créant ses propres compositions. Ce cumul du répertoire musical traditionnel est rendu possible grâce à un nouvel outil fort précieux : le magnétophone. Jean-Marie est le premier des Verret à s’en procurer un, ce qui lui sert à conserver et à reproduire les pièces autrefois jouées par son père. Le magnétophone lui permet de discerner les variations les plus délicates, plus subtiles ainsi que la précise harmonie. L’enregistrement et l’écoute au ralenti facilitent la juste interprétation. La famille a désormais de quoi garantir la restitution de sa musique à ses propres membres. En fait, plusieurs sont enclins à la pratique musicale. Frères, sœurs et enfants grandissent parmi les instruments, les accents du folklore, style musical qu’ils estiment devant tous les autres. Lise, sœur cadette de Jean-Marie, accompagne les siens au piano, tant en spectacle qu’en enregistrement. De son piano, elle voit à travers son neveu Martin naître une quatrième génération de musiciens chevronnés.
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La tradition se poursuit
À son tour, Martin emprunte effectivement les traces de son père, Jean-Marie. Déjà, à quatre ans, il joue de la cuillère lors des soirées dansantes. Porté par l’univers musical traditionnel familial, il hasarde quelques notes, quelques voix sur le violon de son frère aîné qui, bien que curieux, ne manifeste pas un enthousiasme marqué pour le violon. En revanche, Martin, talentueux, s’engage à perpétuer une tradition de trois générations. Dès l’âge de cinq ans, son père l’inscrit à des cours privés. Puis, en 1988, ce sont les études au Conservatoire de musique de Québec. Les deux cheminements, le classique et le folklorique, le rendent polyvalent. Il voulait apprendre la technique et la notation pour parfaire son jeu et avoir accès à toutes les formes de musique, mais sa passion véritable demeure le folklore qui a baigné son enfance. Il garde le goût de cette musique sans partitions, qui se transmet et qu’on apprend par voie orale. « Moi, ce que j’ai gardé de l’héritage se fait encore oralement. Ce n’est pas de la musique écrite. L’âme, l’harmonie qu’on écoute, ce n’est pas juste une question de notes. C’est la manière d’interpréter qu’on ne peut pas écrire. Cette musique, il faut vraiment la voir. Il n’y a pas d’écrits qui peuvent expliquer comment ça se jouait ». Bien que la musique folklorique soit transmise de la même manière de père en fils, Jean-Marie estime que le changement de générations, le vécu de chacun et les différentes façons de vivre ont une importance fondamentale sur le rendu des pièces. Apporter sa nuance enrichit assurément le folklore. Chacun, selon ses manières propres et son senti particulier, confère aux morceaux des allures différentes tout en maintenant vivants les accents typiques d’un répertoire unique dont la famille est dépositaire. Ce patrimoine familial, soigneusement conservé, jalousement préservé, est inestimable au sein de la lignée. Sa transmission mène à bon port, semble-t-il. Martin a de fidèles et profondes intentions, « il est arrivé avec la continuité », il est dorénavant figure de cette continuité.
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Le Quadrille
Les pièces traditionnelles du Québec se catégorisent en divers genres musicaux, souvent associés à un type de danse, dont les plus courants sont : le reel, la marche, la gigue, les six-huit, la valse et le quadrille. Le quadrille, apparu en France au début du XIXe siècle et repris par l’Angleterre, est formé de la réunion de cotillons populaires dansés à la fin du XVIIIe siècle. Le mot « quadrille » dérive d’ailleurs du nom porté à l’époque par les danseurs de l’opéra Escadrille. Alors qualifié de pot-pourri, il est développé en plusieurs phases dont l’appellation diffère d’une région à l’autre. Celui de Lac St-Charles évolue en six parties, à savoir : « La chaîne du reel », « Les quatre coins », « Le salut », « L’homme à deux femmes », « La galope » et « La bistringue ». Entamé par un six-huit, le quadrille se poursuit sous des rythmes variables marqués par un certain lyrisme. Principalement répandu dans l’Est du Québec, le quadrille se retrouve de Portneuf au Saguenay et de Lotbinière à la Gaspésie
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